En 2017, à la télévision, je voyais Céline Dion pleurer, très pudiquement, alors qu’elle évoquait son défunt mari. Depuis que je suis mère, je pleure comme une (Marie) Madeleine ; je suis une femme, et pourtant je me cache pour le faire. Le pouvoir de ces larmes publiques m’intrigue.
J’imagine ce solo comme un rituel de purification par les larmes évoquées, un moyen de revenir à notre humanité première. Ces larmes-là sont celles qui relient un divin à l’humain, celles qui nous disent qu’en nous, il y a plus que nous, qu’il y a l’humanité toute entière. Quand je pleure, c’est aussi devant la beauté, et la compassion, auxquelles je crois encore, malgré ces temps parfois sombres. Mes larmes sont le combat de ma non-indifférence, contre les coeurs secs.
Et si je pouvais, je pleurerais ouvertement, pas comme une pleureuse que l’on moque, non, pas des larmes de crocodile, pas des larmes de martyr, mais de belles larmes rondes qui couleraient sur mes joues comme autant d’expressions de mes sentiments, touchée par la grâce ordinaire.
Ce serait des larmes très pures et très belles. Des billes. Des perles. Elles m’inonderaient. Je verrais trouble à travers elles et pourtant le monde m’apparaîtrait tel qu’il est. La vérité brillerait dans ces larmes ; le reflet du sel étincellerait. Je pourrais me cacher, mais je pourrais aussi vous les montrer, vous démontrer que finalement mon coeur n’est pas de pierre, mais qu’il est d’eau et de sang et que de lui jaillissent une multitude de flaques.